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SÉNÉGAL: Estimée à plus de 18 millions d’habitants en 2023, la population du Sénégal est composée majoritairement de jeunes. Plus de 75 % de cette population ont moins de 35 ans, dont plus de 50% sont âgés de 18 ans ou moins, selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie.

Pour autant, même s’ils sont majoritaires sur le plan quantitatif , ils ne sont autant associés à la gestion publique et à la définition des politiques qui les touche directement.

Et pourtant, la jeunesse est toujours en première ligne dans les combats politiques que mènent les leaders et les partis politiques à l'approche d'échéance électorale, mais aussi quand les acquis démocratiques sont en péril. Ces jeunes font l’objet d’une cour assidue de la part des prétendants à la magistrature suprême car leurs voix comptent plus que tout.

Avant l'élection présidentielle qui devait initialement se dérouler ce 25 février 2024 et dont la date reste plus que jamais incertaine, BBC Afrique donne la parole à de jeunes femmes et de jeunes hommes qui expriment leurs attentes et aspirations pour leur pays et dévoilent leur état d’esprit face à la situation politique et socio-économique actuelle.

Ils sont jeunes, ils ont entre 25 et 35 ans, ils sont étudiants, activistes, entrepreneurs ou leaders communautaires.

Après douze ans de pouvoir du président Macky Sall, les attentes des jeunes Sénégalais sont énormes. Elles tournent principalement autour des questions de justice, de liberté, de gouvernance, mais aussi d’éducation, de formation et d'emploi.

Comme de nombreux jeunes Sénégalais, Fatima, Jaly, Latyr, Abdoulaye et Papa Doudou espèrent une élection présidentielle le plus vite possible et un changement à la tête du pays pour une meilleure prise en charge de leurs préoccupations.

Comment les jeunes se sentent-ils face aux incertitudes actuelles ?

Latyr Diouf 29 ans, Entrepreneur dans le secteur du Transport

"C’est une situation assez regrettable. On ne devait pas en arriver là. Certes dans l’histoire de notre pays il y a toujours eu une tension pré-électorale parfois très forte. Mais, celle de 2024 est anormale, c’est quelque chose d’inédit. Mais j’espère que les politiques vont vite trouver un accord pour remettre notre pays dans les rails du développement. J’espère que les élections vont bien se passer et que le candidat qui aura la majorité va l’emporter et que les autres vont accepter la volonté du peuple sénégalais."

Fatima Datte 34 ans, Responsable Support IT-Informatique

"Avec la décision du Conseil Constitutionnel de casser le décret sur la convocation du collège électoral ainsi que la loi votée à l'assemblée nationale sur le report, nous sommes toujours en attente de connaitre la date de l'élection présidentielle. C’est une situation assez particulière et tendue pour notre pays qui n'a jamais connu de report d’une présidentielle. Comme tous les citoyens, nous nous posons beaucoup de questions par rapport à la tenue de la présidentielle et quand elle aura lieu."

Abdoulaye Touré , Journaliste , étudiant en Droit

"Nous sommes dans une situation politique inédite. En tant que jeunes, nous n’avons jamais vécu une situation pareille. Je ne pense pas que le jeune État qu’est le Sénégal ait traversé une situation politique marquée par autant de tensions et d’incertitudes. On a l’impression d’être dans un cercle vicieux. La question que tout le monde se pose désormais est : va - t- on tenir l’élection présidentielle avant la date d’expiration du mandat de Macky Sall le 2 avril ? Si à cette il n’y a pas d’élection, qu’est ce qui va se passer ? Car les spécialistes du droit sont presque unanimes sur le fait qu’aucune disposition de notre arsenal juridique ne prévoit ce cas de figure. En mon sens, le Président de la République doit nous sortir de cet engrenage, qu’il a lui-même créé en abrogeant son décret convoquant le corps électoral le 3 février. Avant cette décision, le processus électoral suivait bien son cours. Le chef de l’Etat doit fixer le plus rapidement possible une date pour l’élection présidentielle. C’est la seule voie de sortie qui lui reste, sinon ce sera une impasse."

Papa Doudou Touré 25 ans, étudiant

"Cette situation est vraiment déplorable voire lamentable. C'est vraiment triste et décevant de voir la démocratie sénégalaise, qui était autrefois un exemple en Afrique, plonger dans une crise profonde et en train de se détériorer, ça fait juste mal au cœur. Depuis quelque temps, les droits fondamentaux des citoyens sont violés, la liberté d'expression est de plus en plus restreinte sur internet, et des chaînes de télévision [retrait de la licence du groupe Walfadjri, une décision levée depuis ndlr] sont fermées. Nous les jeunes, on étouffe car on a l'impression d'être dans un pays dictatorial, mais non c'est bien au Sénégal que cela se passe."

Jaly Badiane, Cofondatrice de l'Initiative Sénégal Vote, entrepreneure et activiste

"Nous sommes dans une période très incertaine, très trouble marquée par une illisibilité sur le calendrier électoral depuis la décision prise par le président Macky Sall d’annuler le scrutin présidentiel prévu le 25 février. C’est ce qui a déclenché toute cette situation que nous regrettons et nous dénonçons. Les Sénégalais étaient prêts à aller aux élections le 25 février malgré toutes les difficultés dans le processus, on était prêt pour la campagne et pour aller enfin choisir celui qui serait notre futur président. Au lieu de ça, le président Macky Sall a non seulement confisqué les droits des citoyens de choisir librement leurs dirigeants comme le stipule la Constitution mais il a réprimé les manifestations organisées par ses opposants et quatre jeunes sont décédés durant ces manifestations, ce qui est très grave. On ne peut pas voter, on n’a pas le droit de sortir dans la rue pour manifester notre colère et revendiquer nos droits, faisant ainsi grandir l’inquiétude quant à l’avenir de la démocratie sénégalaise. Ce qui risque de se passer après le 2 avril s'il n'y a pas d'élection , c'est un vide juridique, car ce n'est pas prévu par la Constitution et donc il faut tout faire pour respecter les délais calendaires prévus par la Constitution qui fixe la fin du mandat au 2 avril."

Quels changements espèrent-ils pour leur pays ?


Papa Doudou Touré, étudiant

"Nous la jeunesse tout ce qu’on veut c’est le respect du calendrier constitutionnel. Macky Sall est président jusqu’au 02 Avril et donc doit obligatoirement organiser des élections libres et inclusives pour le bien du pays. Ce droit nous appartient d’élire notre président. S’agissant du futur président, j'espère tout d'abord qu'il s'efforcera de réformer les institutions en vue de limiter les pouvoirs du président de la République. Les événements récents avec le régime actuel devraient nous servir de leçon ; il est crucial de dissocier le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire de manière à équilibrer les pouvoirs.

Deuxièmement, il est essentiel de faire la lumière sur tous les morts recensés depuis les manifestations de Mars 2021. Personnellement j'ai perdu un ami cher dans ce combat pour notre démocratie et sa mort dans les mains de la police sénégalaise ne doit pas être vaine. Enfin, le prochain président devrait travailler ardemment pour notre pays, en œuvrant pour réduire le taux de pauvreté et de chômage en accordant certains privilèges aux Sénégalais. Les jeunes aspirent à des emplois stables et bien rémunérés. Ils souhaitent des opportunités économiques pour pouvoir subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Nous voulons avoir accès à une éducation de qualité et à des programmes de formation professionnelle qui nous permettent d’acquérir les compétences nécessaires pour réussir dans le marché du travail, que les politiques gouvernementales visent à améliorer les conditions de vie des populations les plus vulnérables."

Jaly Badiane, cofondatrice de l'initiative Sénégal Vote, entrepreneure et activiste

"Il nous faut avant tout trouver un terrain d’entente, un consensus fort pour nous retrouver autour de l’essentiel qui est la République et ses valeurs. La situation politique a causé beaucoup de doutes à tous les niveaux, les gens sont inquiets et ne savent plus de quoi l’avenir sera fait, c’est l’incertitude totale et il faut que l’on sorte de cette crise le plus vite possible car cela affecte tous les secteurs, non seulement institutionnel mais aussi économique et social. Cette situation a causé pas mal de dégâts sur le plan économique avec des annulations d’évènements et la fuite des investisseurs, beaucoup de jeunes ont perdu pas mal de contrats et d’argent depuis que l’incertitude plane autour de la tenue de la présidentielle. Le prochain président aura beaucoup de boulot, il a intérêt à vite se mettre au travail car le chantier est immense et les priorités sont nombreuses. Tout est urgence et tout est priorité en même temps, il faudra réconcilier un pays profondément divisé par ces années de répression, de maltraitance de la population par les forces de l’ordre, de restriction des libertés de manifestation et d’expression et les coupures abusives d’internet.

"Pour moi la priorité c’est l’économie mais surtout l’éducation et la formation supérieure. L’UCAD (Université Cheikh Anta Diop) qui est l’université la plus prestigieuse d’Afrique francophone est fermée depuis juin 2023 et l’avenir de milliers d’étudiants est compromis avec cette fermeture injustifiée. Il va falloir aussi remettre sur les rails l’économie qui a été fortement touchée par les tensions et les troubles politiques que le pays traverse depuis mars 2021.

Sur le plan de la gouvernance également il y a beaucoup de choses à améliorer, il faudra combattre la justice arbitraire, il faut aussi lutter pour la liberté d’expression et rétablir l’état de droit qui a été très malmené par le président sortant."

Abdoulaye Touré , Journaliste , étudiant en Droit

"Par rapport aux attentes, j’espère d’abord qu’on aura une élection présidentielle sereine, qu’elle se passe dans la paix et le calme et que le meilleur candidat, le meilleur profil remporte le scrutin. Le premier chantier du nouveau président sera de réconcilier le peuple sénégalais dans son entièreté. Depuis trois années, nous avons un pays fracturé. On a noté ces derniers temps, une montée dangereuse du discours de la haine, une banalisation de la violence, bref un pourrissement de l’espace public. Sur les réseaux sociaux, des appels à la violence, au meurtre, à la destruction des biens publics et privés sont lancés.

"Le prochain président doit apporter des solutions par rapport à la problématique de l’emploi des jeunes. Le taux de chômage actuel est à plus de 21% au Sénégal et chaque année, nous avons plus de 300 000 demandeurs d’emplois. Sans cela le phénomène de l’immigration irrégulière avec son cortège de morts va persister. Nous avons tout un pays à refaire. Le secteur de la santé et de l’éducation doivent être des priorités pour les futurs gouvernants. Les défis sont énormes pour le prochain président. La justice, un des piliers de l’Etat de droit nécessite de profondes réformes. Il n’y pas de démocratie sans justice."

Fatima Datte 34 ans, Responsable Support IT-Informatique

"Ce que j'attends et j'espère du prochain gouvernement, c'est d'abord la stabilité sur le plan institutionnel et social. On a vécu dans une quasi instabilité depuis 2021 avec les manifestations, les emprisonnements et les jeunes tués. La tension doit redescendre et j'espère que le président sortant téléphonera au vainqueur comme ses prédécesseurs.

"Il y a beaucoup d'attente en effet, nous devons faire une refonte de chaque strate allant de l'administration centrale vers celle territoriale. Il faut revoir les bases de notre État ainsi que les prérogatives du président de la République et en espérant que celui-ci travaillera pour faire développer le Sénégal mais pas son parti.

"Avec l'exploitation prochaine du pétrole et du gaz, les jeunes nourrissent beaucoup d'attente., beaucoup d'espoir que leur situation sera améliorée. On a vu les vagues de jeunes partant en Espagne ou vers les USA via le Nicaragua à la recherche d'une vie meilleure. Ces jeunes ont besoin d'espoir, de travailler et d'avoir le minimum c'est-à-dire avoir un bon revenu financier, pouvoir étudier normalement, pouvoir se soigner et avoir les loisirs pour un épanouissement personnel puis collectif. On espère que cette manne financière provenant des exploitations des hydrocarbures pourra servir à développer les secteurs de l'éducation, la santé, l'agriculture, le numérique, etc. Nous avons et les têtes et les ressources humaines nécessaires pour développer notre pays."

Latyr Diouf, entrepreneur dans le secteur du Transport

"Les attentes vis à vis du prochain gouvernement sont immenses. Depuis 2019 le pays traverse une crise sans précédent avec la COVID-2019, les guerres qui ont fait basculer le monde et perturbé l'économie sans compter une situation socio-politique interne tres difficile. Donc il faut déjà réconcilier les sénégalais entre eux, mais aussi redonner espoir aux jeunes. Le prochain régime devra corriger les erreurs des gouvernements précédents et faire du Sénégal une vraie démocratie."

Comment les jeunes participent à la vie socio-politique de leur pays ?

Au Sénégal, les jeunes sont souvent engagés dans des mouvements estudiantins, associatifs, sociaux et politiques, cherchant à défendre leurs droits, à lutter contre l’injustice sociale et à promouvoir le changement. Ils participent activement à des organisations de jeunesse, des associations étudiantes et des initiatives communautaires pour faire entendre leur voix et contribuer au développement de leur pays.

En 2011 - 2012, le mouvement "Y’en a marre" a été la tête de file de la contestation populaire contre le troisième mandat que briguait l'ancien président Abdoulaye Wade.

Créé sur l’initiative de jeunes artistes-rappeurs et de journalistes, le mouvement a vu le jour en banlieue dakaroise, suite aux coupures répétées d’électricité, à la cherté de la vie et au chômage massif des jeunes, pour dénoncer les dérives du régime libéral de l'époque.

Qu'en est il de la génération 2023- 2024 ? Sont ils autant ou plus engagés que leurs devanciers ?

Fatima Datte 34 ans, Responsable Support IT-Informatique

"Oui, je trouve que les jeunes actuellement malgré les difficultés s'engagent de plus en plus en politique. On a vu lors des élections locales et législatives de nombreux jeunes qui sont devenus maires ou députés. Les jeunes sont une part active de notre société. 75% de la population notre pays a moins de 35 ans, ils ont droit à la parole et doivent donner leur avis sur la bonne marche du pays. On remarque que le conflit de génération avec la vieille classe politique est bien présent et le meilleur moyen est de trouver un équilibre entre les jeunes et les "vieux". La politique permettra aux jeunes de s'affirmer, de donner leurs idées par rapport à la gestion des autorités mais permettra également à nos dirigeants de savoir ce que veulent les jeunes, c'est-à-dire participer au développement et à la construction du Sénégal."

Jaly Badiane, cofondatrice de l'initiative Sénégal Vote, entrepreneure et activiste

"Oui les jeunes sont très engagés sur le plan politique ou dans les mouvements associatifs. Nous avons une jeunesse de plus en plus exigeante envers ses dirigeants, avec beaucoup plus d’expérience et de maturité et un leadership beaucoup plus affirmé chez les jeunes femmes notamment. Les jeunes s’investissent plus dans la citoyenneté et dans l’engagement politique avec beaucoup de satisfecit et énormément de détermination sur le terrain et sur le web. Parce que comme tous les jeunes du monde, les jeunes au Sénégal sont de plus en plus connectés grâce aux réseaux sociaux qui jouent un rôle important dans leur vie quotidienne, leur permettant de rester en contact avec leurs pairs, de s’informer et de s’exprimer sur la gestion du pays. La jeunesse a réussi à casser les barrières et à enlever les tabous en s’impliquant dans la gestion territoriale et en prenant d’assaut l’assemblée nationale pour faire entendre sa voix."

Abdoulaye Touré, journaliste, étudiant en droit

"On constate une régénération de la classe politique au Sénégal. Beaucoup de jeunes s’engagent en politique et nous devons nous en réjouir. L’ex parti Pastef en est la parfaite illustration. La population sénégalaise se caractérise par sa grande jeunesse. Et selon moi, dans un pays où l’ âge médian est de 19 ans et 75 % de la population a moins de 35 ans, on ne saurait aller sans cette jeunesse. Elle a son mot à dire sur le fonctionnement et la gouvernance de ce pays. Les jeunes sont non seulement très engagés mais ils ont pris la pleine conscience et la pleine mesure des enjeux de l’heure."

Latyr Diouf, entrepreneur

"Je suis trop content et fier de voir de plus en plus de jeunes s’engager dans la politique. Dans notre pays, la politique n'est pas bien vue mais pour moi faire de la politique ce n’est pas une mauvaise chose, c’est la gestion de la cité. Maintenant, les jeunes qui ont voyagé ou qui suivent de loin ce qui se passe dans les autres pays, ont compris que c’est bien possible de faire bouger les choses ici en s'engageant sur le terrain politique. Et on a une classe politique nouvelle aussi qui est sur cette dynamique. Donc je n'en doute pas une seconde, les choses vont changer.

"Personnellement je reste positif quand à mon avenir au Sénégal. Je suis né ici, j’ai grandi ici. J’ai réussi à monter une entreprise ici que je fais de mon mieux pour développer et la faire grandir. Donc j’ai bon espoir pour mon pays. Certes on traverse une période difficile, mais on doit toujours garder espoir en tant que jeune. On est l’avenir du pays."

Papa Doudou Toure, étudiant

"Auparavant, la jeunesse sénégalaise ne s'impliquait guère dans les affaires politiques du pays, et je suis un exemple parfait de cela. J'étais apolitique, simplement parce que je ne comprenais pas l'importance de la politique dans nos vies. Cependant, aujourd'hui, il est crucial de noter que la jeunesse sénégalaise est pleinement consciente, éveillée et activement engagée dans la vie politique nationale. Ils se battent ardemment pour la démocratie du pays et ont des attentes envers les politiques. Je tiens à exprimer ma gratitude envers le parti Pastef pour avoir joué un rôle essentiel dans cette conscientisation de la jeunesse."

Considéré jusqu'ici comme l’un des rares pays stables et démocratiques en Afrique, le Sénégal est dans une zone de turbulences depuis le report de l’élection présidentielle, dont la date devrait être connue à l’issue d’un dialogue convoqué par l’actuel chef de l’Etat Macky Sall.

Une fois la date fixée, les citoyens devraient se rendre aux urnes pour élire le prochain président de la République pour les cinq prochaines années (2024-2029).

Pour la plupart des jeunes sénégalais , l’urgence est de réconcilier les citoyens profondément divisés, de remettre sur les rails une économie durement affectée par les troubles politiques graves que le pays traverse depuis mars 2021.

L’autre grand défi du prochain gouvernement au Sénégal : comment relancer l'économie et donner de l’emploi aux milliers de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail, dans un pays où les deux tiers de la population est constituée de jeunes en formation ou en quête d’emploi.


Ousmane Badiane
RJournaliste BBC Afrique