Le ministre ivoirien des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, Mamadou Sangafowa-Coulibaly, a déclaré lors d’une conférence de presse tenue jeudi 8 juin 2023 à Abidjan Plateau, que le coût de l’électricité connaîtra un ajustement à la hausse à partir du 1er juillet. Cette modification tarifaire concernera 412 000 abonnés, soit 11% des 3 752 000 abonnés que compte la Côte d’Ivoire. Les propriétaires d’abonnements de 15 ampères et plus, ainsi que les professionnels, connaîtront une augmentation de 10%,
tandis que ceux utilisant la moyenne tension et la haute tension verront leurs factures augmenter de 15%.
Les abonnés utilisant de 5 à 10 ampères ne seront pas concernés, a précisé le ministre Mamadou Sangafowa-Coulibaly lors de la conférence de presse, relevant que l’augmentation générale dans le cadre de cette décision se situe à 9,6%.
Selon M. Sangafowa-Coulibaly, cette mesure a été proposée par l’Autorité nationale de régulation du secteur de l’électricité (ANARE-CI) et a été analysée par la commission consultative sur les tarifs d’électricité. Elle vise, entre autres, à résoudre la détérioration de la qualité du service, la dégradation de la sécurité de l’approvisionnement en électricité, ainsi que le déséquilibre financier observé dans le secteur de l’électricité, aggravé par les effets de la pandémie de Covid-19 et de la crise en Ukraine.
« La récente crise a particulièrement affecté les secteurs de l’énergie dans tous les pays, y compris le nôtre, qui a fait preuve de résilience. En effet, la perte d’exploitation résultant de la différence entre le prix moyen de vente (73 FCFA/kWh) et le coût de revient moyen (89 FCFA/kWh) s’élève à 16 FCFA/kWh. Pour l’année 2023 seule, la perte d’exploitation est estimée à 161 milliards de FCFA », a-t-il ajouté, soulignant que le prix moyen du kWh en Côte d’Ivoire reste l’un des plus bas de la sous-région et au-delà.
Il a précisé que cette augmentation permettra de réduire la perte d’exploitation du secteur de l’électricité de 76 milliards de FCFA sur une année complète.
Le ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie a assuré que l’impact de cette hausse serait limité, voire inexistant, sur le coût de la vie. Il a indiqué que des discussions ont eu lieu avec les associations de consommateurs et qu’un courrier a été adressé à la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) pour encadrer cette augmentation.
Il a également souligné qu’il était nécessaire de doubler la capacité de production de la Côte d’Ivoire d’ici 2030, en la portant à plus de 5 000 MW, et d’augmenter considérablement la part des énergies renouvelables dans notre mix énergétique, passant de 34,5% à 45% dans le même horizon. Cela vise à améliorer la qualité du service, à assurer la réhabilitation et les révisions périodiques des groupes de production, à répondre à de nombreuses demandes d’extension de réseau et de raccordement, ainsi qu’à électrifier toutes les localités du pays.
Au cours de la dernière décennie, l’État a réalisé d’importants investissements dans la production, le transport et la distribution de l’électricité, ainsi que dans l’électrification rurale et le programme « Électricité pour tous » (PEPT).
En ce qui concerne la production, la capacité installée est passée de 1 391 MW en 2011 à 2 548 MW en 2022, soit une augmentation de 83,2%. En ce qui concerne le transport, le réseau compte désormais 7 484 lignes haute tension (HTB), dont 3 000 km ont été réalisés au cours de la dernière décennie. En ce qui concerne la distribution, 10 934 postes ont été construits sur un parc total de 18 691 postes, soit une progression de 141%.
Ces investissements ont permis de répondre à la demande nationale croissante en électricité, qui a augmenté de manière soutenue à un rythme de 7,1% par an. Ils ont également permis d’électrifier 4 168 localités, faisant passer le taux de couverture de 33% en 2011 à 83% en 2022. Le nombre d’abonnés a triplé sur la même période, passant de 1,1 million en 2011 à 3,6 millions en 2022, selon le ministère des Mines, du Pétrole et de l’Énergie.
NESSENOU SIMON GNOMBLEI