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Plus de 800 ha de bas-fonds aménagés pour la riziculture ceinturent ou traversent la ville de Gagnoa, a rapporté le directeur général de l’Agence pour le Développement de la filière riz (ADERIZ), Dembélé Yacouba, cadre de Gagnoa à l’AIP. Aujourd’hui, ces bas-fonds aménagés par des programmes étatiques en collaboration avec la Chine notamment, du fait de leur remblayage par des opérateurs économiques avec du sable, disparaissent un à un, réduisant ainsi les capacités de production de riz. Enquête.

« Dans la tradition Bété (peuple autochtone de Gagnoa), les parents, dans leur migration, s’installent en un endroit lorsqu’ils y trouvaient un bas-fond, parce que c’est l’eau de rivière qu’ils buvaient, » selon Grobli Yohou Etienne, notable de Babré (l’un des quatre villages devenus des quartiers de Gagnoa). Ce dernier affirme que « certains des bas-fonds aménagés à Gagnoa l’ont été depuis 1964 par la République de Chine, qui a introduit le riz irrigué, contrairement à la pratique locale de riz pluvial. Plus tard, d’autres projets, mis en place par la Société de développement de riz (SODERIZ) ainsi que ceux appuyés par des organismes internationaux ont abouti à la création de casiers de riz irrigués dans les bas-fonds de Gagnoa. »

Seulement voilà ! Non loin du site de l’ex-Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), dans le périmètre villageois de Barouhio, un quartier-village de Gagnoa, un opérateur économique, muni de bulldozers, remblaie depuis quelques semaines un immense bas-fond, au-delà des casiers de riz.

La situation est analogue dans les quartiers Soleil, Zapata, Libreville, Garahio, Saint-Georges, Commerce, au niveau du Grand Dioulabougou où de nombreux sites et parcelles anciennement aménagées pour la culture du riz sont continuellement remblayés avec du sable. Derrière la place publique dite « Place Laurent Gbagbo », le bas-fond occupé par de belles rizières n’échappe pas non plus à ces remblayages sauvages, pour en faire des terrains de construction de maisons. Faisant de la ville de Gagnoa, un chantier à ciel ouvert de remblayage.

« C’est triste, parce que la production de riz baisse, même si ce n’est pas encore la catastrophe », a déploré le directeur général de l’ADERIZ, qui rappelle que selon les décrets d’application de la loi d’orientation agricole, « les bas-fonds sont réservés à l’agriculture. »

Malheureusement, le remblayage avec du sable par des opérateurs économiques, en quête d’espace pour de nouvelles constructions, réduit les possibilités de production de riz, alors que « la Côte d’Ivoire peut et doit arriver à l’autosuffisance en riz à la fin 2025 », rappelait le président du Conseil d’administration de l’ADERIZ, Raphaël Lakpé, lors de la visite d’une unité industrielle rizicole à Gagnoa, en juillet 2023.

À écouter le directeur régional de la construction du Gôh, Marc Bouazo Groguhet, « les communautés villageoises qui exploitent ces bas-fonds ont un droit coutumier sur ces terres. Ainsi, les personnes qui exploitent ces parcelles n’en ont pas le droit, dans l’immense majorité des cas puisque les lotissements approuvés du centre-ville de Gagnoa s’arrêtent à la limite des bas-fonds », dit-il. Il précise que chacun devrait savoir que les nombreux bas-fonds de la ville, comme toutes les terres à Gagnoa et en Côte d’Ivoire appartiennent d’emblée à l’État.

« Donc, les bas-fonds ne devraient pas être remblayés », a affirmé le directeur régional. Néanmoins, il relève que si ces parcelles qui étaient utilisées pour l’exploitation de rizière et qui ont cessé de l’être, faute de moyen apparemment, « la nature ayant horreur du vide, des personnes les exploitent même s’ils n’y ont pas droit ». M. Groguhet précise néanmoins que ses services ne peuvent pas délivrer de titres fonciers dans ce cas d’espèce.

Présidente d’un Centre d’écoute, de formation et d’orientation des jeunes (CEFORJE) qui a lancé le projet de rizière-école à Gagnoa, Lékadou Fagnidi enfonce le clou.

« Les bas-fonds disparaissent effectivement à Gagnoa et nous-mêmes en tant que structure qui regroupons les riziculteurs, faisons malheureusement ce constat », a-t-elle soutenu. Elle précise que de nombreux bas-fonds existants ont cessé d’être exploités, faute de motoculteur notamment.

« Il faut trouver entre 50 000 et 75 000 F CFA pour la location pour une journée de travail et les deux ou trois structures qui en possèdent dans la zone, ne font pas de facilité aux riziculteurs, dont le paiement à la récolte », déplore la présidente.

Elle invite les propriétaires terriens à les rejoindre dans la mise en place d’un collectif des riziculteurs, afin de donner de la force à nos plaidoyers », a-t-elle dit. « Avec deux à trois cycles dans l’année, pour environ 3,5 tonnes de paddy par cycle, les 800 ha de bas-fonds aménagés de Gagnoa produisent plus de 10 000 tonnes de paddy par an », assure Lekadou.

Le notable du village de Babré, Yohou Grobli, un ancien de l’ex-SATMACI avance une autre thèse.

« Lorsqu’un propriétaire terrien possède une parcelle sur un terroir communal et que la commune procède au lotissement, pour un ha aménagé, il ne bénéficie que d’un lot, » déplore-t-il. Il ajoute que si « dans le cadre d’un projet, l’État s’intéresse à votre terre, il signe des papiers avec vous. Malheureusement, l’on peut attendre plusieurs années avant d’avoir son argent. Souvent, les gens meurent sans en profiter », révèle le chef traditionnel.

« En fait, les gens sont excédés, parce que ne profitant pas des parcelles, et pour ne pas être complètement perdants, dès qu’ils trouvent un bon preneur, ils vendent», insiste l’ancien agent d’encadrement de l’ex- SATMACI, qui a participé à l’aménagement des premiers bas-fonds de Gagnoa.

Il précise que dans le cas spécifique des bas-fonds de Gagnoa, « les parcelles ont été cédées à l’État ivoirien par nos parents, à zéro franc, dans le cadre du projet chinois ». Mais, relève le doyen Yohou, « lorsque les programmes de la SODERIZ se sont arrêtés, ces parcelles sont demeurées en grande partie entre les mains des allogènes et des frères de la CEDEAO, soit parce qu’ils y travaillaient déjà avec la SODERIZ, soit parce que ces terres leur ont été cédées par les propriétaires terriens. »

« Toutes les tentatives pour récupérer ces bas-fonds se sont heurtées au refus des gens qui s’y étaient installés, sans en être propriétaires. Le tribunal de première instance de Gagnoa avait tranché en leur faveur, au prétexte qu’ils y ont été installés par le gouvernement. », ajoute-t-il.  Seulement, fait observer Grobli Etienne, l’État n’a pas signé de charge locative avec les propriétaires. « Fort heureusement », dit-il, la cour d’appel de Daloa a conclu qu’il fallait trouver une solution et, en accord avec le corps préfectoral, il a été convenu que ceux qui occupent ces parcelles doivent verser selon « une norme fixée », 200 kg de paddy à chaque récolte aux propriétaires terriens.

Malheureusement, fait remarquer le chef de terre, « les gens ne jouent pas franc jeu » et sont accusés de remettre de la mauvaise qualité de riz à chaque récolte, aux propriétaires terriens. Notons que 200 kg de paddy donnent 120 kg de riz blanchi.

À côté de cette autre difficulté, il dénonce aussi l’installation par la mairie des artisans et garagistes dans les bas-fonds, et cela, sans associer et sans rien donner aux propriétaires terriens. Les artisans procèdent donc au remblayage des parcelles parfois laissées à l’abandon qui disparaissent ainsi sous les tonnes de sable.

À ce niveau, l’adjoint au maire Gnakalé Samuel a été formel en fustigeant le comportement de certaines autochtones qui pensent détenir des droits coutumiers sur les zones marécageuses.

« Les bas-fonds appartiennent à l’État, et si quelqu’un en a besoin, qu’il en fasse la demande, la mairie peut mettre l’espace à sa disposition. Le comble est que certains de nos parents, non seulement s’adjugent à tort le droit de propriété sur ces parcelles, mais en plus, ne les réclament pas pour y travailler, mais pour les vendre, et c’est dommage ».

M. Gnakalé assure que « pour l’heure, la municipalité observe, » mais rappelle que « ces parcelles seront récupérées pour nécessité, le cas échéant, que ce soit par l’État ou la mairie ».

La commune de Gagnoa et partant, tout le département compte encore de grandes superficies de bas-fonds non aménagés qui courent du pont de quartier Soleil jusqu’au village de Grand Gbassi. Également, entre les quartiers Zapata et Libreville, ainsi que dans la sous-préfecture de Bayota et dans les sous-préfectures de Sérihio et de Galébré.

Si le gouvernement veut en aménager certains, ce serait probablement un début de solution à l’autosuffisance en riz en Côte d’Ivoire.
PAR: DOGAD CKIHIN DOGOUI 

AIP

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