
Le mercredi 28 août 2024, Adjamé-village, un village ébrié enclavé dans la vibrante commune d'Adjamé à Abidjan, s’est transformé en un havre de prières et de chants. Des centaines de personnes, venues de plusieurs villages atchans de la région, se sont réunies pour une cérémonie œcuménique marquée par l’émotion et la solidarité. Cette journée de recueillement faisait suite aux violents déguerpissements survenus en juillet dernier, dans le cadre des travaux d’extension du quatrième pont, un projet destiné à relier Yopougon à Adjamé, mais qui a laissé derrière lui des familles endeuillées et des habitations rasées.
Les participants, parmi lesquels des jeunes, des anciens, des femmes et des cadres, se sont rassemblés autour du chef du village, Nandjui Boa Chérubin, et de la notabilité pour prier ensemble sous des bâches dressées sur les ruines encore fumantes des maisons détruites. Les chorales des églises catholique, harriste et méthodiste ont uni leurs voix pour chanter des cantiques, apportant un peu de réconfort aux cœurs meurtris. Les pasteurs et prêtres qui se sont succédé à la tribune ont encouragé les habitants à persévérer dans la foi, à pardonner et à chercher la paix, malgré les douleurs encore vives.
Prosper Mobio Kossekré, secrétaire général de la chefferie, a souligné que cette prière œcuménique avait un double objectif : prier pour les atrocités vécues lors du déguerpissement et invoquer la bénédiction de Dieu sur les discussions à venir avec les autorités ivoiriennes. « Nous recherchons la grâce de Dieu pour pouvoir entreprendre les échanges avec les autorités du pays qui, à notre avis, sont disposées à échanger avec nous », a-t-il expliqué. Ces échanges, espèrent les populations atchanes, se dérouleront sous le signe de la paix et de la compréhension mutuelle.
Le révérend prédicateur chef harriste, Serges Djèkè, a pris la parole pour rappeler l'importance de ce moment de prière en faveur d'Adjamé-village, le village mère des Atchans d'Abidjan. Selon lui, ces prières sont non seulement une source de réconfort pour les familles touchées, mais aussi un appel à l’État ivoirien pour qu’il écoute les plaintes et le désarroi des victimes de ces événements. Le révérend Djèkè a insisté sur la nécessité de transmettre un message de paix, de pardon et d’unité, afin que les futures négociations se déroulent dans un climat apaisé.
La cérémonie a été marquée par la présence de plusieurs personnalités éminentes de la communauté atchane, dont l'ancien ministre du Tourisme Charles Aké, le représentant de l'ex-maire d'Abidjan Ernest N'Koumo Mobio, l'ex-maire du Plateau Noël Akossi Bendjo, et l’honorable Aké Bernard. Leur soutien visible et leur engagement auprès des populations ont donné un élan supplémentaire à cette journée de prière, renforçant la conviction que l’unité et la foi peuvent aider à surmonter les pires épreuves.
À travers ce rassemblement œcuménique, les villages atchans ont voulu non seulement exprimer leur soutien à Adjamé-village, mais aussi affirmer leur détermination à œuvrer pour la justice et la paix. Les prières élevées ce jour-là témoignent de la volonté des populations de voir leur souffrance reconnue et leurs droits respectés, tout en cherchant à éviter de nouveaux affrontements et divisions.
Les discussions avec le gouvernement, qui doivent s’engager prochainement, seront cruciales pour déterminer l’avenir des habitants d’Adjamé-village et de leurs voisins. Les populations, réunies dans une foi commune et une solidarité inébranlable, espèrent que ces négociations apporteront des solutions justes et durables pour réparer les préjudices subis. Le chemin vers la réconciliation et la paix est encore long, mais ce jour de prière a montré que, malgré les blessures, la flamme de l’espoir continue de brûler au sein des villages atchans.
Patrick Mel
