Grâce à des cocréations, les communautés trouvent des solutions locales pour maintenir les latrines au propre et promouvoir l’enregistrement des naissances. L'UNICEF et ses partenaires travaillent en Côte d'Ivoire depuis plusieurs années pour venir en aide aux enfants les plus vulnérables, notamment pour
qu'ils aient accès à des services de santé, une alimentation, de l'eau et une éducation de qualité et qu’ils grandissent protégés contre la violence et l’exploitation, d’où qu’ils viennent et où qu’ils vivent.
Les régions de Bounkani (Nord-Est) et Tchologo (Nord) présentent des défis marqués en termes d'accès aux services sociaux de base, notamment l'accès à l'eau potable et à l'assainissement et affichent un développement économique nettement inférieur par rapport au reste du pays.
Pour accompagner ces communautés à relever ces défis cités haut, l’UNICEF appuie la mise en œuvre d’un programme dénommé « Résilience au Nord de la Côte d’Ivoire » et qui est soutenu financièrement par la Coopération allemande à travers l’institution KfW.
L’objectif principal du projet est de renforcer les capacités de résilience (anticipation, prévention, absorption, adaptation et transformation) des services sociaux, communautés et individus, par rapport aux chocs et aux crises et à la réalisation des droits et du plein potentiel des enfants et des adolescent-e-s, en prenant en compte les spécificités de genre. S’étendant sur 3 ans (2024-2027), le projet vise à toucher environs 500.000 personnes à risques.
L’un des aspects du projet porte sur l’aspect changement social et comportemental ou SBC (Social and Behavior Change en anglais) et à laquelle l’UNICEF accorde une considération particulière.
SBC est un processus social fondé sur la promotion du dialogue entre les communautés et les décideurs à l’échelon local, régional et national avec pour but de promouvoir, développer et mettre en œuvre des politiques et des programmes qui améliorent la qualité de la vie pour tous en général, mais particulièrement celles des enfants et les femmes, à travers notamment l’adoption de comportements et pratiques favorables à leurs droits.
Le bureau sous national de l’UNICEF à Korhogo travaille avec l'ONG Animation Rurale de Korhogo (ARK) pour la mise en œuvre des activités SBC du projet, lesquelles, concernent : l’engagement de 70 comités communautaires villageois, composés de membres des deux sexes dans la promotion des services sociaux et des pratiques familiales essentielles, la participation de 2.100 personnes à la cocréation et à la mise en œuvre de solutions pour promouvoir les services sociaux et les comportements associés adaptés aux besoins spécifiques des hommes et des femmes et des filles et des garçons ainsi que la sensibilisation d’environ 400.000 personnes à travers les programmes et émissions produits par les médias de proximité.
Dans cette logique, une trentaine de membre des Comités de Développement Villageois (CDV) de la sous-préfecture de Koumbala ont été formés sur l’élaboration des plans d’initiatives communautaires à travers la cocréation et la mise en œuvre de solutions locales pour promouvoir les services sociaux et les comportements adaptés aux besoins spécifiques des hommes, des femmes, des filles et garçons. Les séances de cocréation avec les communautés et les animateurs de l’ONG ont débutées juste après ces formations.
Le mardi 10 décembre 2024 c’était le tour des villages de Sambakaha et Yediandekaha dans la sous-préfecture de Koumbala, région du Tchologo, au Nord de la côte d'Ivoire, frontalière du Mali et du Burkina Faso. Les thématiques abordées tournaient autour de l'hygiène et l'assainissement (à savoir le maintien des latrines au propre à Sambakaha) ainsi que l'enregistrement des naissances à Yediandekaha.
A Sambakaha, village regroupant 1930 personnes vivant principalement de la culture du coton et de l’arachide, avec 44 participants dont 37 femmes, les discussions ont porté pendant une heure, sur la manière de maintenir les latrines au propre pour diminuer les odeurs nauséabondes et empêcher l'envahissement des mouches. Ont également été abordés, la question de l’abandon de la pratique de la défécation à l’air libre, l’accès à l’eau potable, l’assainissement et l’hygiène adéquate pour préserver la santé des membres du village, leurs permettant d’être plus résilients et plus équitables.
Les solutions locales proposées par les communautés elles-mêmes ont été de fermer les latrines avec des petits sas contenant un peu de sable, d’utiliser la poudre du charbon pour empêcher les odeurs où de fabriquer des fermetures de latrines en bois. Sur cette dernière proposition, le président de la jeunesse du village, Yacouba Koné a pris l'engagement d'aider incessamment les communautés.
" Dès la semaine prochaine, je vais commencer à fabriquer des fermetures de latrines en bois pour ceux qui n’en disposent pas." Yacouba Koné
D’autres personnes ont promis d’acheter des Satopan (cuvette de toilettes servant à fermer des latrines à fosse de l’air libre).
Les femmes, regroupées dans une tontine hebdomadaire de dimanche, ont pris l’engagement de sensibiliser entre elles sur le nettoyage quotidien de leur environnement, notamment les latrines afin de contribuer à l’amélioration de leurs conditions d’hygiène et de vie et celles des communautés notamment des enfants du village.
Quant aux hommes, ils ont promis de tout mettre en œuvre pour éviter la pratique de la défécation à l’air libre, laquelle a de graves conséquences sur la santé humaine, la dignité, la sécurité et le développement socioéconomique de leur village.
A la fin de la rencontre, toute la communauté de Sambakaha s’est engagée pour avoir des toilettes propres, sûres et dignes selon leurs moyens et une bonne gestion hygiénique des excréments pour éviter la propagation de nombreuses maladies.
Un peu plus loin, à Yediandekaha à une trentaine de kilomètre de Sambakaha, les communautés ont abordé la problématique dans l’enregistrement des naissances, « c’est quoi un extrait d’acte de naissance, où et comment faire enregistrer une naissance ? », « A quoi sert l’enregistrement des naissances ? », A toutes ces questions, les animateurs de l’ONG ARK en compagnie et l’ASC et les communautés elles-mêmes ont apporté des réponses.
Il ressort des échanges qu’une déclaration de naissance est une notification de naissance faite habituellement par un parent du nouvel enfant ou par une autre personne ayant constaté la naissance et un extrait de naissance est un document administratif juridique, attestant la naissance d’une personne physique en une date et un lieu précis.
« Comment faire enregistrer une naissance ? » À la maternité, l’agent de santé enregistre la naissance du bébé, à la mairie, l’Officier d’état civil remet aux parents l’acte de naissance du bébé. Les personnes habilitées à déclarer une naissance sont : le père ou la mère ; autre parent ; le médecin, la sage-femme ; ou toute personne ayant assisté à l’accouchement ; à défaut la personne chez qui l’accouchement a eu lieu ; le chef de village ou de fraction ou un membre du conseil de la communauté.
« A quoi sert l’enregistrement des naissances ? » L’enregistrement officiel des naissances permet à chaque personne de faire reconnaître, pièces justificatives à l’appui, son identité juridique, ses liens de famille, sa nationalité et ses droits y afférents.
L’acte de naissance est le plus important des actes de l’état civil, car c’est un document de base qui permet l’établissement des pièces d’identité des citoyens comme par exemple, la carte nationale d’identité, le passeport, le permis de conduire et le certificat de nationalité. Il permet également de prévenir l’apatridie et peut freiner d’autres violations telles que l'incapacité d'accéder à l'éducation, l’exploitation des enfants par le travail, la traite des enfants, le mariage des enfants et le recrutement dans les forces et groupes armés.
A l’issue des discussions avec la trentaine de participants dont 18 femmes, le choix a été porté sur l'Agent de santé communautaire du village, Maniya Ouattara pour faciliter auprès de la sous-préfecture, l'établissement des actes de naissance pour 26 personnes dont 20 enfants recensés au cours de la rencontre et d'autres dans le village qui ne disposent pas d'actes de naissance.
" J’effectuerai volontairement ce travail qui m’a été confié par la communauté. Aussi avec le chef de village, nous allons nous rendre à la préfecture pour faciliter l’acquisition des extraits de naissances pour ceux qui ont déjà effectué la demande." Maniya Ouattara
Les hommes ont par ailleurs, promis de suivre les femmes tout au long de leurs grossesses pour qu’elles accouchent dans les centres de santé afin de faciliter l’enregistrement de leurs enfants dès la naissance.
Dans ces deux villages, des comités chargés d’eau, assainissement, école et santé ont été mis en place pour contribuer au bien-être des communautés notamment celui des femmes et des enfants. Les mêmes activités se dérouleront dans beaucoup d’autres villages concernés par le projet.
Seydou Tangara
UNICEF Côte D'Ivoire