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Autrefois rare, la scène est désormais courante sur les ruelles chaotiques – véritables labyrinthes de nids de poules et d’obstacles-, des quartiers difficiles d’accès à Abidjan et ses environs. De jeunes adolescents, âgés de 10 à 15 ans pour la plupart déscolarisés, conduisent des tricycles en défiant quotidiennement le danger pour assurer leur survie et celle de leurs familles.

 

Motivés par une détermination intense, ils circulent avec audace à vive allure sur ces routes rocailleuses, affrontant les périls avec une surprenante bravoure.

En Afrique subsaharienne, environ 98 millions d’enfants et d’adolescents ne sont pas scolarisés, en grande partie à cause de la pauvreté croissante qui touche 41% de la population. Une situation qui les pousse à travailler dans des conditions dangereuses. Environ 72 millions d’enfants sont impliqués dans des travaux dangereux tels que l’exploitation minière, l’agriculture intensive et la pêche et d’autre forme de travail mettant gravement en danger leur santé et leur sécurité.

Ce mardi 9 août 2024, sous une pluie fine, leur courage demeure intact. Habiles et téméraires, ces jeunes se faufilent entre les véhicules, manœuvrant avec une maîtrise étonnante leurs engins à trois roues sur des chemins cahoteux et escarpés menant au quartier d’Agbayaté, dans la commune de Yopougon.

Sous un abri improvisé, une autre équipe de jeunes, vêtus de jeans usés et de tee-shirts défraîchis, cigarette à la bouche, conversent en nouchi, l’argot ivoirien. Ils attendent également leur tour pour se rendre au « front ».

Un combat pour la survie et l’espoir


Entre 10 et 15 ans, ils défient la mort pour subvenir au besoin de leur famille.
Sans permis de conduire ni assurance, ces adolescents apprennent sur le terrain à maîtriser les « Antara » ou « Saloni », des tricycles qui incarnent à la fois leur audace et leur lutte quotidienne pour une existence meilleure. Bravant les routes non bitumées et les pentes dangereuses, ils ne se laissent pas intimider par les risques, conscients que leurs efforts sont déterminants pour répondre aux besoins fondamentaux de leur famille dans un monde qui semble leur refuser tout autre avenir.

Parmi eux, Ernest Kachi, déscolarisés, âgé de seulement 14 ans, orphelin de père et aîné d’une famille de trois enfants, se lève dès 5h30 pour prendre son poste au carrefour d’entrée du quartier, comme de nombreux autres adolescents. Chaque jour, il doit réunir 17 000 FCFA pour couvrir la location du tricycle, le carburant et les taxes versées aux propriétaires. Après avoir réglé ces frais, il lui reste environ 5 000 FCFA par jour, qu’il remet intégralement à sa mère handicapée pour subvenir aux besoins de sa famille.

“Après avoir couvert ces dépenses, je peux espérer gagner plus de 5 000 FCFA par jour. J’utilise cet argent pour subvenir aux besoins de ma mère, qui est veuve et handicapée. Face à cette invalidité, je dois me battre pour l’aider à s’occuper de mes trois frères”, explique le jeune Kachi, tout en transpirant.

Malgré son jeune âge, Kachi a déjà passé deux ans sur ces routes périlleuses. Il a réussi à économiser suffisamment pour acheter une moto, qu’il met pour le moment en location. Sa prochaine ambition est d’acquérir son propre tricycle. Son revenu mensuel avoisine les 150 000 FCFA, un montant qui le place bien au-dessus du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) en Côte d’Ivoire, fixé à 75 000 FCFA.

Tapé Junior, âgé d’environ 10 ans, fait preuve d’une résilience tout aussi remarquable. Écolier en classe de CM2, il travaille comme “balanceur”, chargé de trouver des clients et de collecter les paiements. Ses journées commencent à 6 heures du matin et se terminent à 20 heures, avec un revenu quotidien de 1 500 à 2 000 FCFA. Malgré les risques de blessures et les épreuves qu’il endure, Junior continue de soutenir sa famille avec une maturité et un courage exceptionnels.

“Il m’arrive parfois de recevoir des chocs en étant accroché à la moto, parfois des blessures aux pieds, mais c’est le prix à payer pour que ma mère, ménagère, puisse subvenir à mes besoins et payer ma scolarité”, précise le jeune Tapé, avec un sparadrap au genou.

Tous aux ordres du « Dieu » Dragon

Au quartier d’Agbayaté, tous les adolescents se soumettent aux ordres de Koné Ibrahim, surnommé « Dragon », qui règne en tant que chef de gare incontesté. Chaque conducteur doit lui reverser 2 000 francs CFA par jour pour avoir le privilège de circuler sur la ligne.

La présence de ce personnage aux allures de loubard, est indéniablement impressionnante. Affichant un tee-shirt ajusté, la tête rasée et le regard perçant, l’homme observe attentivement le va-et-vient incessant à la gare, témoignant d’une vigilance constante. Sa barbe de trois jours encadrant son visage lui confère une apparence à la fois robuste et énigmatique.

« J’ai sous ma responsabilité tous ces tricycles. Des personnes m’ont confié leurs biens. Je n’ai pas droit à l’erreur. Je dois organiser le travail de manière à mériter la confiance de mes partenaires. Ici, j’impose la discipline », affirme-t-il.

Cependant, cette discipline n’est pas toujours ressentie par les passagers, qui subissent des chocs en raison de l’état dégradé de la route et de l’audace des conducteurs précoces.

Le calvaire des passagers

Le calvaire résultant de l’état déplorable des routes se traduit par un voyage éprouvant pour les passagers et un défi qui engendre fréquemment de vives altercations avec les conducteurs. À bord de ces tricycles instables, dépourvus de ceintures de sécurité, il n’est pas rare que les occupants subissent des chocs violents, allant parfois jusqu’à chuter sur le sol chaotique.


Un dépassement sur la chemin cahoteux au grand dam des passagers.

 

« J’ai décidé de ne plus jamais prendre ces motos-taxis depuis que j’ai atterri, avec tous les autres passagers, dans une mare d’eau stagnante après une violente pluie nocturne », confie Tatiana Seki, une habitante du quartier.

À l’intérieur de ces triporteurs, maintenir le silence est difficile. À chaque secousse, les échanges verbaux s’intensifient. Les passagers, peinant à résister aux tressautements, expriment leur mécontentement, tandis que les adolescents, à la voix aiguë, se défendent avec ténacité.

« Certains clients se plaignent de manière excessive. Ils nous poussent souvent à réagir de manière impolie. À chaque secousse, ils expriment leur mécontentement, comme si nous étions responsables de l’état lamentable de la route », se plaint Mory Fofana.

Au guidon des tricycles sans permis de conduire

En Côte d’Ivoire, le permis de catégorie A est accessible dès l’âge de 16 ans, permettant la conduite de motos, avec ou sans side-cars, ainsi que de véhicules à trois roues. Pourtant, ces enfants âgés de 10 à 15 ans conduisent ces engins sans détenir le permis requis et sans être confrontés à des sanctions de la part des autorités compétentes.

« Au départ, nous traquions ces jeunes dans les quartiers. Nous avons mis plusieurs motos en fourrière. Nous ne savons pas pourquoi, nos responsables nous ont demandé de réduire nos interventions », confie un agent de la mairie de Yopougon

 sous le sceau de l’anonymat.

Selon le ministère ivoirien des Transports, les deux-roues sont impliqués dans environ 70 % des accidents en Côte d’Ivoire, et 60 % des victimes sont des piétons, des cyclistes et des motocyclistes, classés comme « usagers vulnérables ». Le taux d’accidentologie révélé dernièrement au Conseil national de la sécurité concerne 75 % des motocyclistes.

 

SIMON BENJAMIN BASSOLE
AIP

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