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Brice Tchaga a passé un cap cette année. D’abord connu comme le barber favori des footballeurs, le jeune homme de vingt-huit ans a ouvert son tout premier salon l’été dernier, au septième étage du Printemps Haussmann à Paris. Ambassadeur grooming pour la ligne Sauvage de Dior, Brice Tchaga partage aujourd’hui son temps entre les Fashion Weeks et cette “nouvelle scène”.

 

D’un côté, il met à l’épreuve sa créativité au contact des designers de mode. De l’autre, il transmet son envie de proposer aux hommes des styles plus audacieux et originaux.

Malgré son jeune âge, Tchaga a déjà une certaine expérience. Il a donné ses premiers coups de ciseaux vers l’âge de dix ans en coiffant son petit frère, avant de convaincre un peu plus tard ses parents et son entourage de le laisser s’occuper d’eux. Sa passion pour la coiffure est née presque en même temps que son amour du foot. “Les premières fois que j’ai mis les pieds dans un salon de coiffure, j’étais hypnotisé par les bruits. Je me souviens des claquements des tondeuses mais surtout des visages qui se renouvellent”, se remémore-t-il cet automne lors de sa première visite dans le studio de GQ. “À force d’observer, je me demandais ce que j’aurais fait à la place des coiffeurs et puis j’ai commencé à penser que je pouvais le faire.”

Sa formation autodidacte s’est tranquillement poursuivie au lycée où il coiffe gratuitement son groupe de potes dans la convivialité et où il devient l’attraction de l’établissement. “Les gens connaissaient mieux que moi mon emploi du temps”, sourit-il en glissant que même des profs se faisaient parfois rafraîchir en cachette. Cette “première scène” va lui donner le goût d’un métier qu’il choisira de poursuivre après une courte année en fac de droit. “C’était vraiment pas fait pour moi”, atteste celui qui a rapidement décidé de postuler dans un salon de coiffure du 19e arrondissement de Paris, 235th Barber Street, où il travaillera cinq ans. “J’y ai appris les vraies étapes et techniques d’une coupe alors qu’avant je faisais tout spontanément.”


Brice Tchaga fait pendant cette période une rencontre qui va changer sa trajectoire : celle de Blaise Matuidi, champion du monde 2018 et ancien joueur du Paris Saint-Germain et de la Juventus Turin. “On a fait connaissance quand je jouais à Vincennes et j’ai commencé à le coiffer. J’allais en Italie tous les samedis. J’avais trouvé un travail qui réconciliait mes deux passions.” Il se crée de fil en aiguille une clientèle plus large de footeux qui le font voyager à travers l’Europe, de Madrid à Milan en passant par Londres, pour apparaître toujours au top devant les caméras lors d’un match décisif, par habitude ou superstition.

“J’essaie de cultiver mon ouverture d’esprit et de montrer qu’on peut rester masculin tout en poussant le curseur plus loin, tant que ça colle à notre personnalité et à façon de s’habiller.”

Aujourd’hui, Tchaga voyage un peu moins. Il conserve quelques clients historiques mais travaille aussi sur certaines campagnes de pub Dior et passe surtout du temps dans sa “Hair Place”, le nom de son premier salon de coiffure ouvert depuis l’été dernier. “Ça m’a fait changer de perspective sur mon métier”, explique-t-il en confiant espérer ouvrir d’autres adresses dans le futur. “J’ai plus de responsabilités aujourd’hui et en même temps je dois faire confiance aux coiffeurs que j’ai formés pour qu’ils apportent leur personnalité. Le salon leur appartient aussi. L'idée ce n’était pas d’avoir des ‘mini Tchaga’ mais des approches différentes qui collent à l’évolution de la coiffure.”


Car le but de Brice Tchaga, c’est de promouvoir l’originalité et la prise de risque, sans forcément tomber dans l’extravagance. Pour faire passer le message, le pote de Kylian Mbappé s’affiche tantôt avec une coupe courte aux contours impeccables, tantôt avec des tresses collées, ou pourquoi pas avec une teinture blonde. “J’essaie de cultiver mon ouverture d’esprit et de montrer qu’on peut rester masculin tout en poussant le curseur plus loin, tant que ça colle à notre personnalité et à façon de s’habiller”, explique-t-il. “C’est d’ailleurs ce que j’adore quand je travaille sur des défilés : faire matcher une coupe de cheveux avec un look.”


Tchaga évoque son mentor Guido Palau, une pointure dans la coiffure de stars, et fait défiler les photos sur son smartphone pour retrouver un look audacieux réalisé lors de leur première collaboration à l’occasion d’un défilé pour Versace. Spécialiste des dessins, entre autres, il avait reproduit l’un des motifs cultes de la marque italienne sur un mannequin. Il continue de faire défiler les clichés pour tomber sur sa réalisation récente “la plus folle”, lors d’un show pour Valentino, un high-top avec trois textures de cheveux différentes : crépu sur le côté, bouclé au-dessus, frisé et lissé devant.

 

“Il y a davantage de restrictions chez les hommes mais j’essaie de montrer qu’on peut aller plus loin. J’adore toujours coiffer les gens, faire des retouches et les embellir mais je veux aussi pousser ma créativité à fond.” Apparemment, ça lui réussit plutôt bien.

 

 


GQ FRANCE
 Maxime Joly