Le président américain a réaffirmé avec force, ce lundi, sa volonté d’aller jusqu’au bout dans la campagne présidentielle américaine. Joe Biden sort les gants. Le président américain a rappelé à l'ordre son propre camp, lundi 8 juillet, alors que des doutes sur sa capacité à remporter la présidentielle de novembre s'accentuent depuis plusieurs semaines.
À 81 ans, le démocrate a montré des signes de faiblesse lors d'un débat catastrophique face à son rival Donald Trump (78 ans).
Dans une lettre aux parlementaires démocrates, Joe Biden affirme, ce lundi, qu'il est « fermement décidé à rester en course ».
« Tout manque de discernement sur la tâche qui nous attend ne ferait qu'aider [l'ancien président et candidat républicain Donald] Trump et nous desservir. Il est temps de se rassembler », avertit-il, tout en faisant savoir qu'il n'est pas « aveugle » aux « préoccupations » exprimées depuis ce duel télévisé complètement raté. Mais il rappelle avoir remporté très largement la primaire de son parti et assène que « ce n'est pas à la presse, aux commentateurs, aux grands donateurs » de décider de sa candidature à la présidentielle.
À la mi-journée, sa porte-parole a une nouvelle fois assuré que le président américain n'était pas traité pour Parkinson, alors que certains experts ont noté, sans aller jusqu'à un diagnostic, que certains signes exhibés en public par Joe Biden – raideur, posture penchée vers l'avant, problèmes d'articulation et voix éteinte – pouvaient être des symptômes.
Karine Jean-Pierre a refusé de dire pourquoi un spécialiste de cette maladie s'était rendu 8 fois en 8 mois à la Maison-Blanche entre juillet 2023 et mars 2024, comme l'ont révélé plusieurs médias américains, sans que l'on sache si c'était pour voir le président américain ou une autre personne de son administration. Elle s'est bornée à répéter que Joe Biden avait vu un neurologiste pour chacun de ses bilans de santé annuels. Et que le verdict de sa dernière évaluation, en février, était qu'il ne présentait aucun signe de maladie neurodégénérative.
« Je me fiche de ce que pensent les millionnaires »
Lors d'un appel retransmis pendant l'émission matinale de la chaîne MSNBC, Joe Biden s'en est pris avec véhémence aux frondeurs de son propre parti. « Ces gars qui pensent que je ne devrais pas me présenter, qu'ils se présentent contre moi. […] Défiez-moi à la convention » démocrate du mois d'août, a lancé Joe Biden sur un ton furieux.
« Je me fiche de ce que pensent les millionnaires », a-t-il encore déclaré, se disant « persuadé » d'avoir le soutien de « l'électeur moyen », et voyant un présage favorable dans le résultat des élections législatives françaises. « La France a rejeté l'extrémisme, les démocrates (américains) le rejetteront aussi », a-t-il dit, concluant : « Je ne vais nulle part. »
Joe Biden a souligné qu'il avait mené une campagne énergique depuis son débat raté, alors que Donald Trump n'avait « rien foutu » si ce n'est « se promener dans sa voiturette de golf » dans sa luxueuse résidence de Floride. Le président américain a aussi souligné qu'il accueillerait, de mardi à jeudi à Washington, un sommet de l'Otan, à l'occasion du 75e anniversaire de l'organisation de défense.
Le président américain a aussi prévu de donner jeudi une conférence de presse en solo, lui qui a boudé ce genre d'exercice depuis son arrivée à la Maison-Blanche. Il lui faudra faire preuve de repartie, de vivacité, de suite dans les idées… En somme, de tout ce qui lui a manqué cruellement lors du débat. L'octogénaire se donne donc désormais le plus grand mal pour se montrer dynamique et plein d'entrain. Il a par exemple enchaîné dimanche les discours et bains de foule impromptus en Pennsylvanie, l'un des États cruciaux pour le scrutin de novembre.
Risques de déchirements internes
Pour l'instant, cinq élus démocrates ont publiquement appelé Biden à jeter l'éponge. Reste à savoir si la contestation va se cristalliser et déboucher sur une offensive coordonnée, soutenue publiquement par de très grands noms du parti, pour inciter Joe Biden à céder la place. D'autres lui ont apporté leur soutien, comme Steven Horsford, président de l'influent groupe des élus afro-américains à la Chambre des représentants, ou encore le sénateur Chris Coons.
Ce serait une décision très lourde dans un calendrier extrêmement serré. D'abord, rien ne dit que le président américain accepterait de céder la place. Ensuite, même si c'était le cas, le Parti démocrate n'aurait que quelques semaines pour régler sa succession, prenant le risque de déchirements internes et d'une convention d'investiture chaotique en août à Chicago. Dans ce scénario pour l'heure parfaitement hypothétique, le ou la nouvelle candidate n'aurait ensuite qu'un peu plus de deux mois pour faire campagne avant l'élection du 5 novembre.
Par M.P. avec AFP
Le Point