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L’industrie du cacao est un marché très lucratif, qui représente plus de cent milliards de dollars annuels selon Pomasi Ismaila, l'Association Cocoa Abrabopa (CAA) au Ghana. Cependant, « le producteur gagne à peine 6 % dans cette exploitation », comme le déclare Penatirgue Soro, président de l’association nationale des coopératives de côte d'ivoire (ANACACI).

En Côte d'Ivoire, une vingtaine producteurs de cacao ont été arrêtés par la police à Abidjan ce 10 mai.  

Pour ainsi pouvoir profiter de la manne financière générée par le cacao, les producteurs du Ghana et de la Côte d’Ivoire ont engagé un bras de fer avec les multinationales afin d’améliorer leurs conditions.  

Le continent africain est de loin le plus grand producteur de cacao au monde. Loin devant, la Côte d'Ivoire produit 2,2  millions de tonnes de cacao par an, suivis du Ghana qui produit près d'un million de tonnes par an, selon les chiffres de l'Organisation internationale du cacao. À eux deux, ils fournissent deux tiers des fèves de cacao sur le marché mondial.   

Selon la Banque africaine de développement en Côte d'Ivoire, le cacao représente plus 15 % du PIB. Les fèves de cacao exportées sont ensuite utilisées pour produire du chocolat ou encore du beurre de cacao.  

Les difficultés des producteurs  


En Côte d'Ivoire, une vingtaine de producteurs de cacao ont été arrêtés par la police alors qu’ils observaient une journée de grève devant le siège du conseil café-cacao à Abidjan ce 10 mai.

La discorde entre ces planteurs, comme ils sont couramment appelés dans le pays, et l’organe de régulation de ces deux cultures de rentes est liée à la gestion d’un fonds de soutien estimé à 17 milliards de francs CFA (environ 28 millions de dollars) octroyé par le président Ivoirien Alassane Ouattara, pendant la pandémie de la Covid-19. Cette tension n’est pas une première dans cette industrie dont les revenus sont l’objet de plusieurs convoitises.’’

« Je ne reçois pas assez de revenus via le cacao que je vends », se plaint Pomasi Ismaila, producteur de cacao ghanéen. Il estime que le prix catalogue fixé ne lui permet pas de couvrir ses coûts de production tout en veillant à ne pas utiliser des produits chimiques dans sa culture.  

« Je dirais aussi que le climat était un sérieux problème dans mon travail récemment, lorsque j'ai besoin de pluie je n’ai que du soleil et lorsque j'ai besoin de soleil la pluie arrive », affirme-t-il au micro de la BBC.  Une situation intenable pour lui qui affecte même le cadre familial.  

« La plupart des agriculteurs au Ghana ont des difficultés pour atteindre le niveau de vie attendu et pour élever les enfants et s'assurer qu'ils ne soient pas mêlés à notre travail.

Nous les envoyons à l'école, mais si les revenus de cacao que nous produisons ne suffisent pas, parfois, les agriculteurs sont forcés de demander aux enfants de les aider dans le travail », confie-t-il. Des propos que corroborent Penatirgue Soro, selon qui les producteurs n’arrivent même plus à se soigner.  
Comment sont fixés les prix ? 
Le cacao est une matière première dont les prix à l'international sont fixés à la Bourse de New York.  Il y a aussi une prime qui est associée à la qualité et à la disponibilité du produit. « C’est ce qu'on appelle le différentiel pays qui permet de créer en fait ce qu'on appelle un prix plancher qui évite que les prix chutent de cette manière », explique Alex Assanvo, secrétaire exécutif du Initiative Cacao Côte d’Ivoire-Ghana (CCC).  

Les années précédentes, après des discussions entre Abidjan, Accra et les industriels, cette prime au planteur, dénommée différentiel de revenu décent (DRD), a été fixé à 400 dollars la tonne. Elle a été payée pendant quelques mois.   

Dans les cas de crise, comme au cours de la pandémie de la Covid-19 par exemple, les multinationales font parfois le choix de réduire les quantités achetées. Au lieu de stocker un éventuel surplus de résultats, ce sont les producteurs qui perdent de l'argent.  Les primes ou différentiels payés par les entreprises peuvent compenser, mais ne sont pas toujours suffisants.   

« Le prix plancher, il est associé à une prime de quatre cents dollars. Et en fait, aujourd'hui, qu'est-ce qu'on constate ? Les quatre cents dollars ont été neutralisés par le différentiel pays qui a été revu à la baisse par le marché. À presque moins cent cinquante, moins de cent dollars pour la Côte d'Ivoire, Le Ghana.

Donc ce qui crée aujourd'hui la tension, nous avons la pression, la protestation de la Côte d'Ivoire et du Ghana », poursuit M. Assanvo.  Selon Koné Brahima Yves, directeur général du conseil café cacao, c’est « un cri de détresse pour qu'on comprenne qu'on doit payer le planteur. »  

Selon le site de l’initiative Cacao Côte d’Ivoire Ghana, « le différentiel d'origine est une prime supplémentaire qui est payée pour le cacao d'un pays particulier en raison de la qualité du cacao et de la fiabilité des performances. Les niveaux indicatifs des différentiels d'origine ont traditionnellement été déterminés par le marché. » 

« Aujourd'hui, les différentiels d'origine en Côte d'Ivoire et au Ghana ont fortement diminué par rapport aux différentiels des autres pays producteurs de cacao ; les écarts entre les deux pays ont diminué de plus de 150 % au cours des 2 dernières années » informe le site.  

Le problème de la traçabilité du cacao 


Lors d’une rencontre entre le gouvernement ivoirien et l’Union européenne, le Premier ministre de la Côte d’Ivoire, Patrick Achi a rappelé que l’UE est le principal acheteur de la production de son pays avec « 67 % du volume exporté. » 

En début décembre, le Parlement européen a adopté une nouvelle réglementation qui interdit l’accès à son marché aux produits issus de la déforestation et du travail des enfants.  Ce qui implique une traçabilité du cacao importé.  

Cependant, les producteurs se plaignent non seulement du manque d’information autour de ces nouvelles réglementations, mais aussi du coût supplémentaire que ce traçage risque d’engendrer. 

« Quand on dit aujourd'hui qu'il faut qu'il y ait une traçabilité, qui paye cette traçabilité ? ça coûte cher. Voici des questions auxquelles nous sommes confrontés, dont on n'a pas forcément la réponse. Et il y aura une pression terrible encore sur les petits producteurs que nous sommes », déclare Désiré Adon. 

Environ, 6 millions de personnes vivent directement ou indirectement du cacao en Côte d’Ivoire. « La culture du cacao représente entre 15% et 20% du PIB en Côte d’Ivoire, où elle emploie près de 600.000 planteurs », selon une étude de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest ( BCEAO). 

Les nouveaux objectifs 


Selon Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre de l’agriculture, « Nous allons toujours continuer de sensibiliser les multinationales, les chocolatiers, à accepter ce que nous tous nous avons contribué à mettre en place. » 

Cette année, le gouvernement ivoirien a augmenté le prix d’achat du cacao de 9 % à la grande satisfaction des producteurs.  

Dans l’optique d’augmenter de la valeur ajoutée aux fèves de cacao, le Côte d’Ivoire vise 50 % de transformation du cacao à court terme.  

Il encourage les investisseurs locaux à s’engager dans la filière. Par ailleurs, pour pousser la consommation de chocolat sur place, une école d’artisanat en chocolaterie devrait voir le jour.  


Papa Atou Diaw avec Valérie Bony et Noel Ebrin Brou
BBC Afrique

 

 

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