Le regard du continent africain est tourné vers mai 2025, moment crucial où la Banque Africaine de Développement (BAD) choisira son prochain président. Parmi les figures les plus en vue pour succéder à Akinwumi Adesina, un nom revient avec insistance : le Dr. Samuel Munzele Maimbo. Vice-président chargé du budget, de l’évaluation des performances et de la planification stratégique à la Banque mondiale, il incarne une candidature prometteuse pour une institution en quête de leadership fort face aux défis colossaux de l’Afrique.
Dr. Samuel Munzele Maimbo n’est pas un inconnu dans l’univers du développement international. Né en Zambie, il a gravi les échelons du monde académique et institutionnel avec une rigueur qui force le respect. Son parcours académique, jalonné d’un doctorat et d’un MBA, témoigne de sa quête d’excellence. Mais c’est surtout son expérience professionnelle qui le propulse sur le devant de la scène. Après un passage au sein du cabinet PwC et dans l’administration publique zambienne, il a passé 23 ans à la Banque mondiale, une institution où il a marqué les esprits par son pragmatisme et sa capacité à gérer des projets d’envergure.
L’un des faits marquants de sa carrière reste la mobilisation de 93 milliards de dollars pour l’IDA20, une prouesse qui a renforcé sa réputation d’expert en financement du développement. Cet exploit, à lui seul, fait de lui un profil séduisant pour les États africains qui, confrontés à des crises économiques récurrentes et à une dette publique préoccupante, recherchent désespérément des solutions pour financer leur croissance. Mais la Banque Africaine de Développement n’est pas la Banque mondiale, et les attentes qui pèsent sur ses épaules sont d’un tout autre ordre.
La BAD joue un rôle unique et complexe. À la fois banque d’investissement et institution de développement, elle est le théâtre d’enjeux politiques, économiques et sociaux où les intérêts de ses 54 pays membres africains se croisent avec ceux de 27 pays non-régionaux. Naviguer dans ce paysage demande non seulement une vision stratégique, mais aussi une capacité à fédérer des acteurs aux ambitions parfois contradictoires. C’est ici que le Dr. Maimbo devra démontrer ses talents de diplomate et de stratège, deux qualités qu’il a cultivées au fil des années.
Si les compétences techniques de Maimbo ne font aucun doute, les défis qu’il devra relever sont vertigineux. L’Afrique subsaharienne concentre à elle seule 67 % de la pauvreté mondiale, avec 429 millions de personnes vivant encore sous le seuil de pauvreté. Malgré un taux de croissance économique estimé à 3,7 %, cette dynamique reste insuffisante pour réduire significativement les inégalités qui gangrènent le continent. Le prochain président de la BAD devra repenser les priorités, entre développement des infrastructures, lutte contre les changements climatiques et inclusion sociale, tout en maintenant un équilibre financier rigoureux.
La personnalité de Dr. Maimbo pourrait jouer en sa faveur. Reconnu comme un homme d’action, méthodique et discret, il semble préférer les résultats tangibles aux discours flamboyants. Ce pragmatisme est précisément ce que beaucoup attendent d’un leader à la tête de la BAD. Cependant, son ascension vers la présidence de l’institution ne sera pas un long fleuve tranquille. La compétition s’annonce rude, avec d’autres candidats tout aussi qualifiés et des tractations politiques qui pourraient influencer le vote des 81 actionnaires de la banque.
Le scrutin du 29 mai 2025 dépasse largement la simple élection d’un nouveau dirigeant. Il s’agit d’un moment décisif pour l’Afrique, qui a besoin d’un visionnaire capable de transformer son immense potentiel en opportunités concrètes pour ses populations. Le Dr. Samuel Munzele Maimbo, fort de son expérience et de son engagement, semble avoir les atouts nécessaires pour relever ce défi. Mais la question reste ouverte : sera-t-il l’homme providentiel dont la BAD a besoin pour redéfinir son rôle dans un continent en quête de renouveau économique et social ?
L’avenir le dira. D’ici là, le technocrate zambien devra multiplier les consultations, convaincre les sceptiques et s’imposer comme le choix naturel pour cette mission cruciale. Une élection où chaque détail compte et où l’enjeu dépasse les murs de la BAD pour toucher l’ensemble du continent africain.
Mathias Zinsou