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Banque africaine de développementEleni Giokos de CNN discute avec Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement, de l’intelligence artificielle, des technologies vertes et des raisons pour lesquelles le monde devrait parier sur l’Afrique.


Akinwumi Adesina

Nos jeunes gens en Afrique sont brillants. Ils sont intelligents et dévoués. Nous devons nous assurer qu’ils disposent des financements nécessaires pour transformer leurs idées en grandes entreprises, car nous devons créer de la richesse pour les jeunes en Afrique.

Eleni Giokos

Vous travaillez sur tant de choses différentes, mais je voudrais commencer par évoquer l’intelligence artificielle (IA), la technologie, l’innovation et la manière dont ces éléments s’intègrent dans certains des projets sur lesquels vous travaillez au sein de la Banque.

Akinwumi Adesina

L’intelligence artificielle est un sujet important dans le monde d’aujourd’hui. Une analyse réalisée par Bloomberg montre que l’IA à elle seule injectera environ seize milliards de dollars dans l’économie mondiale d’ici 2030. En Afrique, cela représentera un apport d’environ 1,2 milliard de dollars. Nous investissons beaucoup dans le secteur de l’énergie. L’IA pourrait donc permettre d’évaluer les performances de l’ensemble de l’infrastructure de transport d’électricité. Elle donnera des indications précises sur l’évolution de la situation et sur les mesures à prendre pour la corriger. L’IA joue donc un rôle majeur.

Mais prenons également le cas de l’eau. Grâce à l’intelligence artificielle et aux données de télédétection, il est possible de mettre en place des systèmes tels que les compteurs intelligents. Ainsi, que ce soit dans le domaine de l’énergie ou dans celui de la fabrication, l’intelligence artificielle est d’une aide précieuse.

Eleni Giokos

Le fardeau de la dette s’élève à 824 milliards de dollars pour le seul continent africain — ce chiffre date de la fin de l’année 2021 — et ce fardeau ne cesse de s’alourdir. Cela vous inquiète-t-il ?

Akinwumi Adesina

C’est extrêmement inquiétant. Bien sûr, quand on regarde la situation de la dette, 824 milliards de dollars par an, et un ratio dette/PIB de 65 %. En fait, ce qui s’est passé, Eleni, concerne la structure de la dette elle-même. En 2000, environ 52 % de la dette totale était une dette concessionnelle. Aujourd’hui, cette proportion est tombée à 25 %. Si vous regardez la dette commerciale, la dette des créanciers privés et la dette en euro-obligations, en 2000, c’était environ 14 %-17 %, pour être précis. Aujourd’hui, c’est 44 %. Vous constatez donc un changement dans la structure du fardeau de la dette, avec beaucoup de dettes à court terme et des taux d’intérêt élevés.

Le deuxième changement est que les prêts garantis par les ressources naturelles sont beaucoup plus utilisés aujourd’hui qu’ils ne l’étaient auparavant. Et cela met en péril les intérêts à long terme des pays, car ces prêts ne sont pas transparents. C’est une mauvaise affaire parce que la relation est asymétrique. Vous avez désespérément besoin d’argent, donc ils ne fixeront pas le juste prix pour vos actifs. Deuxièmement, vous devez signer des accords de confidentialité, de sorte que personne ne peut vraiment voir ce qui se passe. Cela complique donc la résolution de la dette pour tout le monde.

Eleni Giokos

Je couvre l’industrialisation du continent depuis de nombreuses années et je sais qu’elle doit se faire. Elle doit se faire rapidement. Est-ce que le reste du monde, qui a bénéficié de l’importation de matières premières et du raffinage de ces matières premières, souhaite réellement voir l’Afrique s’industrialiser ?

Akinwumi AdesinaAkinwumi Adesina Banque africaine de développement

En ce qui concerne la mondialisation et la participation à la production industrielle axée sur l’exportation, nul n’a besoin de la permission de qui que ce soit pour le faire. La clé, c’est que nous avons aujourd’hui la Zone de libre-échange continentale africaine. Nous estimons le PIB total de cette zone à 3 400 milliards de dollars. La Zone de libre-échange continentale africaine doit être une zone de production industrielle.

Prenons l’exemple des métaux verts. L’Afrique possède aujourd’hui 90 % du platine du monde, 50 % du cobalt, 40 % du manganèse. Ce sont les éléments nécessaires pour la fabrication d’éoliennes, de véhicules électriques, etc. La taille de ce marché, celui des véhicules électriques, est aujourd’hui de 7000 milliards de dollars. D’ici 2050, ce chiffre atteindra 57 000 milliards de dollars.

Maintenant, la question est de savoir si nous allons encore nous retrouver coincés et devoir vendre du lithium et tout le reste, alors que nous savons que si vous deviez produire des batteries lithium-ion, des précurseurs de batteries, en Afrique, cela coûterait trois fois moins cher que de le faire en Chine, aux États-Unis ou en Pologne.

C’est pourquoi l’une des stratégies de la Banque africaine de développement est d’industrialiser l’Afrique. L’Afrique doit donc transformer et ajouter de la valeur à chaque chose qu’elle possède. Car, voyez-vous, l’exportation de matières premières est la porte ouverte à la pauvreté. Et l’exportation de produits manufacturés à valeur ajoutée est la voie royale vers la richesse.

Eleni Giokos

Pourquoi les gens et les investisseurs devraient-ils miser sur l’Afrique ?

Akinwumi Adesina

Si vous n’investissez pas en Afrique, je me demande bien où vous investissez.

Regardez la situation dans le monde. Le New York Times a écrit il n’y a pas longtemps, que le monde devient de plus en plus africain. La population de l’Afrique sera équivalente à celle de la Chine et de l’Inde réunies.

Vous parlez de l’avenir des voitures électriques dans le monde. Cet avenir dépend de ce que l’Afrique fera de son platine, de son lithium, de son cuivre et de son manganèse.

Et pour ce qui est de nourrir le monde, vous savez, 65 % des terres arables non cultivées qui restent pour nourrir le monde ne se trouvent pas dans une [autre] partie du monde — elles sont en Afrique. Ce que fait l’Afrique va donc déterminer l’avenir de l’alimentation.

Par conséquent, ce que nous devons faire, c’est de promouvoir l’Afrique en tant que destination de choix pour les investissements. Notre travail est de veiller constamment à promouvoir l’Afrique, et donc nous avons encore beaucoup de travail à faire pour nous assurer que nous pouvons développer des projets bancables, que nous pouvons dérisquer ces projets, que nous pouvons garantir que les investisseurs pourront toujours récupérer leur argent et que nous veillons également à ce que l’environnement politique et réglementaire soit très robuste et soutienne un secteur privé plus important en Afrique.

Vous avez assisté à l’Africa Investment Forum que nous avons lancé en 2018, il réunit des investisseurs du monde entier pour l’Afrique. Avec nos partenaires, nous avons pu mobiliser 180 milliards de dollars d’intérêt d’investissement en six ans environ. Cela montre que l’Afrique est bancable.

 

 


Banque Africaine de Développement

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