Dans un de nos articles publiés le 12 décembre dernier, nous faisions allusion à une fracture entre certains cadres au sein du parti au pouvoir.
Le samedi 21 décembre 2024, un incident troublant s'est produit à Bouaké, mettant en lumière des tensions latentes au sein du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Jacques Assahoré, président du conseil régional du Gbêkê, s'est vu empêché de distribuer 20.000 cadeaux destinés aux enfants de la région. Ce blocage aurait été orchestré par des collaborateurs du maire de Bouaké, Amadou Koné. Cet épisode, incompréhensible pour de nombreux observateurs, suscite de vives interrogations sur la cohésion au sein de cette formation politique à quelques mois de l’élection présidentielle.
D’après des témoins, les tensions étaient palpables sur le terrain. L’initiative, prévue pour célébrer les fêtes de fin d’année avec les enfants de la région, s’est transformée en un affrontement indirect entre deux figures clés du RHDP. Jacques Assahoré, dans sa fonction de président du conseil régional, souhaitait marquer son engagement en faveur des populations locales. Cependant, cette démarche a été perçue par certains comme une intrusion dans les prérogatives du maire.
Cet incident, qui a suscité des réactions mitigées, vient raviver les débats sur la capacité du RHDP à maintenir l’unité en interne. De nombreux habitants de Bouaké, choqués par la tournure des événements, ont exprimé leur incompréhension face à ce qui semble être une rivalité personnelle éclipsant l’intérêt collectif. « Pourquoi empêcher un geste de solidarité à destination des enfants, surtout en cette période festive ? » s’interrogent plusieurs citoyens.
Pour les observateurs de la scène politique ivoirienne, cet épisode n’est pas isolé. Depuis plusieurs mois, des rumeurs de divergences entre cadres du parti circulent, alimentant les inquiétudes quant à l’unité du RHDP. Des conflits d’intérêt, des luttes d’influence et des ambitions personnelles risquent de fragiliser le parti dans un contexte politique déjà tendu. L’incident de Bouaké est perçu comme un symptôme de fractures plus profondes qui pourraient, si elles ne sont pas rapidement résolues, nuire à la dynamique électorale du parti.
Face à cette situation, des appels pressants sont lancés à l’endroit du président Alassane Ouattara, leader incontesté du RHDP. Beaucoup espèrent qu’il interviendra pour rétablir l’harmonie entre les responsables locaux et éviter que ces différends ne prennent une ampleur nationale. L’héritage de Félix Houphouët-Boigny, fondateur de la Côte d’Ivoire moderne et apôtre de la paix, semble ici remis en question par des querelles internes.
Si le RHDP ambitionne de conserver son emprise sur le paysage politique ivoirien, il lui faudra démontrer une capacité à gérer efficacement ses divergences internes. En attendant, les populations de Bouaké, et particulièrement les enfants privés de leurs cadeaux, restent les grandes victimes de ce bras de fer. Les semaines à venir seront déterminantes pour savoir si cet incident est une simple péripétie ou le signe avant-coureur de fractures plus profondes au sein du parti au pouvoir.
Estelle Mintanie